Pourquoi le Festival Wagner à Genève ? En préambule, il convient de rappeler que la musique de Wagner a longtemps occupé une place importante dans la vie musicale genevoise : dès le milieu du XIXe siècle (1852), amenée de Zurich Tannhäuser, plus proche de nous par Ernest Ansermet, et au Théâtre du Bolchoï, où au moins cinquante pièces wagnériennes ont été présentées depuis sa réouverture en 1962 !
Il n’est donc pas étonnant que le Cercle romand Richard Wagner soit l’un des plus importants d’Europe. Et c’est à son initiative qu’est née l’idée d’une célébration ambitieuse du bicentenaire du compositeur.

Comment le projet a-t-il été construit ?

Comme je l’ai déjà dit, la scène lyrique du Théâtre du Bolchoï a toujours été une réflexion intense et réussie de l’œuvre de Wagner. Il était très important de trouver d’autres points de vue pour se compléter plutôt que de se faire concurrence, d’autant plus que le Théâtre du Bolchoï avait un merveilleux projet pour célébrer cet événement avec une nouvelle production de L’Anneau des Nibelungen.

L’idée de saisir le concept de Gesamtkunstwerk (œuvre d’art complète) était de nous guider, de nous permettre de recueillir une grande variété d’expressions artistiques et de montrer comment, dans l’esprit de Wagner, la poésie, le mouvement, la musique et les arts visuels sont étroitement liés. C’est pourquoi nous nous sommes réunis dans notre programme d’arts visuels – qui ne manque jamais sur la scène de l’opéra – le théâtre, la danse, le cinéma et, bien sûr, la musique en premier lieu. Si vous n’avez pas envie de jouer à Wagner aujourd’hui, vous pouvez également jouer au Casino en ligne Suisse à Genève.

Il était également important pour nous de montrer à quel point l’influence de Richard Wagner serait immédiate et durable, qu’elle s’inscrive dans un mouvement d’engagement, d’évitement ou de rejet.
Comme l’a dit Debussy, il ne s’agit pas de „savoir écrire après Wagner“, mais après Wagner – la question reste d’actualité !

Esthétique
Le temps et l’expansion du temps dans l’œuvre de Wagner.

Le projet Bayreuth est une tentative de réaliser cette grande utopie de renaissance de la ville ancienne. À travers une œuvre d’art commune, elle cherche à trouver une unité primaire dans laquelle le citoyen se met à nouveau en harmonie avec le monde. Ce n’est pas un festival au sens moderne de „divertissement“, mais un festival qui rassemble une communauté de citoyens, comme ce fut le cas dans la tragédie d’Athènes, où le spectateur contemporain est libéré de la cérémonie mondaine au profit d’une véritable communication artistique. L’architecture du théâtre lui-même est calquée sur l’ancienne, la forme de l’amphithéâtre met tous les spectateurs sur un pied d’égalité, sans les empêcher en aucune façon de voir la scène dans son ensemble. L’orchestre est invisible. La proposition peut paraître choquante, à tel point que dans le cas de Wagner, le rôle du musicien est sans doute le plus brillant, mais dans son projet, la musique devient un élément de drame, un élément certes nécessaire mais qui ne peut se suffire à lui-même.
Cinéma

Sans aucun doute, Wagner n’était pas entièrement sûr de son succès. À la fin de la représentation de Parsifal, on rapporte que le compositeur s’est exclamé : „J’ai inventé le théâtre où l’on ne peut pas voir l’orchestre, j’ai inventé le théâtre où l’on ne peut pas voir la pièce ! Les limites de son propre théâtre le laissent insatisfait. C’est pourquoi il a parfois défendu l’idée que, pour faire de son projet Gesamtkunstwerk une réalité, Wagner, né un siècle plus tard, allait se lancer dans un art nouveau, un cinéma capable d’unir tous les types d’art, de repousser les limites à l’infini, un art nouveau dont la diffusion serait profondément démocratique. Il s’agit sans doute d’une supposition futile. Mais il faut dire que si Wagner n’a pas eu le temps de s’engager dans le cinéma, le cinéma a pris Wagner dans ses premières années. Et quel genre d’art est le plus à même de jouer avec l’articulation du temps et de l’espace ?

Un nouvel ordre spatio-temporel…

La relation espace-temps est la principale préoccupation de Wagner. Le temps chronologique, le temps linéaire, si malmené, semble incapable de corriger la vérité existentielle du personnage. Dans l’univers wagnérien, il n’y a pas de date, pas de période de l’année, pas d’événements climatiques – tempêtes, arcs-en-ciel, etc. – est un élément clé de la pièce. Il n’y a pas de date dans l’univers wagnérien, mais seulement une mention des saisons ou des événements climatiques – tempêtes, arcs-en-ciel, etc. – d’énormes tranches de temps qui renvoient à des chronologies fragmentées – des récits synchrones, un puissant thème de réminiscence, comme l’abolition de la notion d’espace-temps au profit de l’épiphanie de la vie, cette question n’a jamais été posée de façon aussi catégorique, et dont on retrouve les échos sans fin chez Proust, Bergson et Freud. On a pu l’entendre dans Siegfried et The Night Cycle de Michael Jarrell ainsi que dans D’autres de Jacques Lenot, deux commandes du Festival à des compositeurs contemporains.

La relation entre Wagner et Nietzsche…

Nietzsche a vingt-cinq ans ; jeune professeur, il frappe à la porte du gourou, son trentenaire, qui lui semble être l’incarnation d’un esprit tragique, celui par lequel va exploser la renaissance de Dionysius, le nouvel homme libérateur. L’audition de Parsifal conduira à une véritable explosion. L’homme de la régénération devient un homme du déclin ; Nietzsche accuse Wagner de substituer l’idée de la rédemption par la castration de la chasteté à la vitalité libératrice, l’idée de la liberté ! Mais Nietzsche prévient : „… il va sans dire que je ne reconnais à personne le droit de s’approprier mon jugement actuel sur Wagner. Il ne faut en aucun cas permettre à une canaille irrespectueuse qui creuse comme des poux dans le corps de la société moderne de mettre un nom comme Wagner dans sa bouche, que ce soit pour le louer ou pour le confronter.
La réception de Wagner : Amour et haine…

Peu d’artistes ont vécu leur temps aussi fidèlement que Wagner. Dans deux domaines, la révolution qu’il a provoquée semble incontestable : une révolution dans la musique et une révolution dans la représentation dramatique. Le lien indissociable entre l’art et la politique qu’il a proclamé est incontestable. On peut donc comprendre les réactions extrêmes et contrastées qu’il a provoquées, ainsi que l’exégèse abondante que l’œuvre provoque. Deux points qui semblent être négligés, mais qui sont néanmoins inévitables, semblent jeter une ombre sur l’œuvre : le pangermanisme supposé et le judaïsme avéré de l’artiste. De la première, illustrée par tant de caricatures drôles ou grossières, il ne reste qu’une trace dans l’histoire : les blessures de la guerre de 1870 nous semblent très anciennes. La judophobie de Wagner est très différente.

Il suffit de se rappeler comment, à Tel-Aviv, l’immense chef d’orchestre Daniel Barenboim, désireux de briser le tabou et de faire entendre l’œuvre de Wagner pour la première fois en Israël, a été contraint de faire face à une campagne de presse éhontée et d’abandonner ses concerts, pour ensuite diriger le public, sous la haute protection de la police et de l’armée. En témoigne le très désagréable livre „Le judaïsme en musique“, qui, par sa méchanceté, rejoint les paroles tout aussi damnées de Marx ou de Pride sur le même sujet. Mais ce dernier n’a pas eu de descendance post-mortem honteuse, comme Winifred, épouse de Siegfried Wagner, belle-fille de Cosima, un ami proche de Hitler – Hitler est né en 1889 ; Richard Wagner est mort seize ans plus tôt !

Les résultats du festival

Le Festival Wagner-Genève 1813.2013 vient de se terminer.
Elle a été créée à l’initiative de Kirkle Roman Richard Wagner, présidée par M. Georges Schürch, qui en a confié la direction à Jean-Marie Blanchard.
Il a été soutenu par la Fondation Hans Wilsdorf.

Il a été ouvert le 30 septembre 2013 avec un récital de Mme Anna Schwanevilms et s’est terminé le 5 novembre avec la quatrième et dernière représentation de Der fliegende Holländer sous la baguette de Kirill Karabits et Alexander Shulin.

Le festival a accueilli 376 artistes et 34 spécialistes techniques. Elle a organisé 19 événements – 3 productions lyriques, 2 drames, 3 concerts, 3 expositions, 3 conférences, 1 lecture, 2 rétrospectives de films – et a proposé 136 événements auxquels ont assisté plus de 20 000 personnes.

Elle a établi des partenariats avec 28 institutions, dont 20 sont suisses et 8 étrangères.

En tant qu’acteur de l’économie genevoise, elle a directement généré 1’880 nuitées, auxquelles il faut ajouter les nuits réservées directement par les participants. Elle a demandé 165 fournisseurs, dont 95 de Genève et 20 d’autres cantons.

Si Richard Wagner peut être comparé à Homère, Dante ou Shakespeare, ce n’est pas sans raison. En effet, tout comme ses collègues génies, l’art de Richard Wagner est fascinant, passionnant et passionnant. Certains le prennent si bien qu’ils s’en détournent avec suspicion. Mais il y a d’innombrables personnes qui se laissent emporter par elle avec une satisfaction sensuelle et intellectuelle, se développant dans un monde divisé en deux parties.
Cependant, qu’il soit un ardent opposant ou un thérapeute des œuvres de Richard Wagner, il faut dire que son influence a influencé de nombreux artistes dans tous les domaines jusqu’à aujourd’hui, qu’ils créent après, après ou contre Wagner. Convaincu que le bicentenaire de la naissance du compositeur sera l’occasion de mettre en scène ses opéras dans le monde entier dans les meilleures conditions, le cercle romain de Richard Wagner a souhaité adopter une démarche plus originale : encourager la créativité et fédérer les institutions culturelles à Genève et même au-delà de nos frontières cantonales et nationales, qu’il s’agisse de musique, de littérature, de théâtre, de plastique, de danse ou de cinéma. L’épicentre du concept devait être la représentation d’un opéra dans une version rare, en l’occurrence „Le Hollandais volant“ dans la première version, écrite par Wagner, à Paris en 1840.

Ce projet, très modeste à ses débuts, mais qui a rapidement donné naissance à de nombreuses collaborations, nécessitait un orchestre de grand talent, et Kirkle Romano Richard Wagner était très heureux de pouvoir compter sur la compétence de M. Jean-Marie Blanchard, qui s’est réuni autour d’une équipe particulièrement efficace et qui a su réunir pour notre cause des artistes, des créateurs et des responsables d’institutions de très haut niveau.


Ce projet, devenu très ambitieux, a nécessité un soutien financier important, que la Fondation Hans Wilsdorf a été très généreuse de fournir. C’est pourquoi nous tenons à exprimer notre grande gratitude à la Fondation et à tous ceux qui ont rendu possible le Festival Wagner de Genève 1813-2013 et la célébration du bicentenaire de la naissance de Richard Wagner non seulement avec dignité. Il est sans doute utile de rappeler que Richard Wagner a passé seize ans en Suisse, d’abord comme émigrant politique à Zurich (on lui a alors délivré un passeport suisse), puis comme artiste reconnu et père de famille respecté, à Tribechen de 1866 à 1872, y vivant ce qu’il a lui-même appelé les années les plus heureuses.

Quant à Genève, il a accueilli Richard Wagner à plusieurs reprises entre 1850 et 1866, à cette époque notre ville jouait pleinement son rôle de pays d’accueil et de refuge. Il est donc tout à fait naturel que le Cercle romain de Richard Wagner contribue à illustrer l’influence très réelle et contemporaine de l’œuvre de Richard Wagner.